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Chers confitoyens, chères confitoyennes… – Flint Dimanche #25

C’est depuis mon bureau confiné que je m’adresse à toi. Un bureau deux fois cambriolés en un mois, la dernière fois c’était hier, hum. C’est donc depuis mon bureau de plus en plus vide, que je t’écris cette lettre.

Comme je faisais un peu pitié sur la photo, j’ai rajouté un joli fond d’écran présidentiel qui, je trouve, donne un peu plus de solennité à mes propos.

Bon sinon en vrai ça donne ça :

Je t’écris parce que j’entame aujourd’hui une étape importante dans la vie de Flint. Nous démarrons enfin notre campagne de levée de fonds.

Oui, je sais, tu vas me dire : euh, tu es sûr que c’est le bon moment ? Je vais te répondre.

Vois-tu, je suis comme le président de la République, je n’avais pas prévu que cette « grosse grippe » allait se transformer en pandémie apocalyptique qui mettrait en confinement la moitié de l’humanité pour on ne sait pas combien de temps.

Il y a deux mois, même le grand professeur Raoult, notre Panoramix national, pensait que le Covid-19 était une affaire chinoise sans importance qui s’épuiserait aux frontières de l’Europe. Je me souviens très bien de cette vidéo, parce que Flint me l’avait remontée, et que j’hésitais à te la montrer dans l’édition de Flint Dimanche. Et puis, je ne sais pas, une intuition peut-être, je me suis dit qu’on manquait d’infos fiables sur le sujet pour croire le Dr Raoult sur parole. Le monde est compliqué.

Alors aujourd’hui, alors que l’économie mondiale est à l’arrêt, que la bourse fait absolument n’importe quoi, que les gourous des fonds d’investissement français disent aux startups « serrez les fesses, personne ne va investir avant plusieurs mois » (et surtout pas nous, les milliardaires du web), alors que la principale occupation des Français consiste visiblement à envoyer des vidéos marrantes sur Whatsapp, à insulter tout le monde sur Twitter et à publier des vidéos de yoga ou de plats cuisinés sur Instagram, je t’écris cette lettre en caleçon (pourquoi porter un pantalon quand tout le monde te voit désormais en plan américain ?) et en chemise Uniqlo infroissable à 29€ pour t’annoncer que nous lançons enfin la campagne de levée de fonds historique qui va nous emmener, toi et moi, vers le futur. Je sais, tout ça semble complètement irréel.

Mais, tu vois, je vais te révéler un truc qui va te surprendre. Tu le garderas pour toi, parce que je ne le crierai pas sur les réseaux sociaux. On est entre-nous. Tu vois, quand je me repasse le film désarticulé qui m’a amené à ce point précis et presque comique de ma vie d’entrepreneur, je réalise que tout ça est parfaitement cohérent.

Que ça ne pouvait pas se passer autrement.

Avant de te parler sérieusement, il me semble stratégique de partager cette photo avec toi de mon cinquième jour de confinement. Pour que tu comprennes que moi aussi je pète les plombs un jour sur deux, que c’est normal, parce que rien de ce que nous vivons depuis quelques jours est vraiment normal. Mais que ce n’est pas une raison pour ne pas penser au monde d’après.

(Merci de ne faire aucun commentaire sur la couleur des rideaux) (Ni sur la peluche tigre) (Et inutile de zoomer pour repérer des détails rigolos genre les chaussettes qui sèchent sur le radiateur) (Et si tu veux tu peux aussi m’envoyer tes photos de pétage de plombs en confinement, je me sentirais moins seul).

En fait, pourquoi est-ce que me retrouve à lancer notre campagne de levée de fonds dans ces conditions complètement surréalistes ? Eh bien parce que personne n’a eu les bonnes informations. Et quand on n’a pas les bonnes informations, on prend les mauvaises décisions. C’est d’ailleurs pour ça que tu es confiné. Tout le monde sait que le confinement ne permettra pas de stopper une épidémie de l’ampleur du Covid-19. C’est juste le seul truc que l’on peut faire pour ne pas se laisser emporter par la vague. Une vague que personne, sauf peut-être Singapour, n’a su anticiper. La vraie guerre commencera après le confinement. Et la clé de cette guerre sera l’information.

Cette crise folle du Covid-19 est un cas d’école. Dans sa démesure simpliste mais surtout par son implacable principe de réalité, ce virus ridicule et sans panache, qu’on aurait presque aimé un peu plus romantique (mais bon on a les virus qu’on mérite), a forcé le monde entier à courber l’échine. Il a fait de nous une forêt. C’est à dire un écosystème fragile et interconnecté, qui dépend avant tout de son régime informationnel. De l’impact de ce dernier sur nos décisions, sur notre moral, et sur notre capacité à vivre ensemble.

(Tu vas me dire, mais quel rapport avec les arbres ? Eh bien justement, je profite de cette parenthèse un peu dilettante offerte par ton confinement pour t’inviter à la découverte joyeuse de ce sujet très controversé mais super poétique qu’est l’intelligence des arbres, et dont je te propose l’analyse critique de deux chercheurs. C’est cadeau.)

Bref, « bien s’informer » n’a jamais été aussi important qu’aujourd’hui. Ni aussi compliqué, tu auras remarqué.

Quand nous avons lancé Flint il y a trois ans, nous avions eu cette intuition vaguement philosophique qui nous rangeait d’emblée dans les projets un peu visionnaires donc sympa, mais confidentiels. L’intuition que nous étions dans un monde de plus en plus complexe et en mutation rapide. Que le web serait de plus en plus saturé d’informations contradictoires, quand elles ne sont pas fausses et que la question de la confiance allait devenir centrale. Que pour le citoyen, comme pour le décideur, « bien s’informer » deviendrait aussi important qu’avoir une bonne hygiène de vie, parce que sans une bonne information, comment faire les bons choix au bon moment ? Bien s’informer va aussi nous prendre de plus en plus de temps. Alors on va avoir besoin de robots pour nous aider. Mais aussi besoin les uns des autres.

Cette intuition est devenue aujourd’hui une évidence. Demain, elle sera une nécessité pour chaque décideur, chaque citoyen.

C’est pour ça que c’est le bon moment. Parce que c’est maintenant qu’il faut construire les outils dont nous aurons besoin dans le monde d’après la crise. Ce n’est d’ailleurs pas une simple campagne de levée de fonds que je te propose aujourd’hui. Je vais te proposer de co-construire avec moi la plateforme d’information de demain.

Nous allons commencer dès la semaine prochaine. Nous mettrons en ligne la première version du prototype de cette nouvelle plateforme. On l’a bricolée en quelques jours, et on l’a pensée comme un service public. Elle utilise toute la puissance de Flint, à la fois d’intelligence artificielle, mais aussi d’intelligence collective, pour nous aider à mieux nous informer sur la crise du Covid19. Ce n’est qu’un brouillon, et tu seras invité à l’améliorer.

Cette campagne de levée de fonds ne ressemblera à aucune autre, comme tu t’en doutes peut-être. Déjà, tu te souviens, nous l’avions entamée en décembre dernier en te demandant de co-construire avec moi le dossier de levée. Enfin surtout le business plan.

Sur les 5000 d’entre-vous qui ont lu mon message début janvier, vous avez été plus de 500 à faire l’effort de lire les 50 pages interminables de ce dossier collaboratif de levée de fonds. Plus de 50, à me faire des retours, parfois très longs aussi, des corrections, des suggestions. Ce qui m’a le plus étonné c’est que les contributeurs les plus actifs étaient justement ceux qui auraient dû me rire au nez. Parce que, soyons honnêtes, le volet « business » de mon dossier était carrément amateur, pour ne pas dire naïf, mais il avait au moins le courage d’être sincère. C’est d’ailleurs la partie qui a été le plus re-travaillée depuis, tu pourras vérifier si tu as le courage.

J’ai eu droit à des séances privées de grands professionnels issus de la communauté Flint, qui avaient géré des dossiers plus gros que le notre. Et je tiens à remercier plus particulièrement Anne_Valérie et Philippe (qui est aussi un client) , et plus encore Francis et Frank qui ont passé plusieurs heures sur mes chiffres et mes tableaux Excel de clown, sans jamais rire, ni jamais me dire ce qu’il fallait faire de Flint, mais en essayant juste de transcrire notre vision dans une logique efficace. Je sortais de ces séances comme on sort de ses premières demi-heures avec un coach sportif. A moitié sonné, des courbatures partout, et des exercices contre-nature à faire le soir.

J’ai compris, moi qui avait plus passé de temps à essayer de faire de ma vie un roman plutôt qu’à essayer de m’acheter une Rolex, que le « business » pouvait être en fait hyper romantique. Qu’il était aussi neutre et efficace qu’un féroce chevalier, à condition de savoir où l’on voulait aller. Un peu comme Chewbacca dans Star Wars, si tu veux. Tu sais, le gros balaise hyper pro qui prend sous son aile le gamin que tout le monde charrie à l’école parce qu’il est différent et ne se sait pas vraiment se battre. Bref, j’ai été aidé avec une incroyable générosité par des vétérans du monde sauvage de la finance qui ont décidé de mettre leur épée sanguinaire au service de nobles quêtes, menées par des maigrichons timides et maladroits comme moi. Tout ça me rend très optimiste, je veux dire en général. Et sur l’humanité en particulier.

Bon, pour la faire courte, l’un de ces nobles chevaliers m’a conseillé de poursuivre notre aventure en nous appuyant sur la plateforme LITA.co. Pourquoi ? Parce que ça permettrait à chacun de nos utilisateurs d’apporter concrètement sa pierre au projet, de devenir actionnaire de Flint , d’en garantir son indépendance, et de tirer les bénéfices de son succès… en cas de succès.

LITA.co est une plateforme d’investissement participatif, co-fondée en 2014 par une femme épatante de 24 ans, Eva Sadoun (avec Julien Benayoun). Un ami me disait d’elle qu’elle serait un jour présidente de la République. Et pourquoi pas ? En attendant, LITA propose de mettre la finance au service de projets à impact ou d’entreprises engagées. Chaque citoyen peut entrer au capital de ces entreprises, à partir de 100€. Lita a déjà récolté plus de 31M€, pour une centaine projets, générant ou consolidant plus de 3800 emplois . LITA bénéfice également d’un réseau de business Angels qui viennent compléter la récolte participative et servent souvent de mentors. Elle accompagne aussi l’entreprise dans ses démarches, et dans la structuration de son projet.

« L’entrepreneuriat est parfois plus performant que les leviers associatif ou politique, car moins de temps et d’énergie sont perdus à rechercher des financements , explique-t-elle. Il donne aussi plus de libertés qu’un fonds classique pour réinventer les dogmes de la finance.»

Eva Saadoun, engagée pour une finance citoyenne.

En rencontrant Eva et Pierre (l’un des associés), j’avais l’impression de rejoindre l’ordre des Jedis. J’aime beaucoup ce qu’ils font et j’avais le sentiment d’être en territoire allié. Des gens qui ont compris que les entreprises du futur seraient des entreprises à mission.

Evidemment ils ont mis mon business plan à l’envers et divisé tous mes objectifs de chiffre d’affaires par trois. Ils ont passé en revue tous nos bilans foutraques, ont même appelé notre expert-comptable pour comprendre mais enfin c’est quoi ce bordel, ont relu en s’arrachant les cheveux nos pactes d’actionnaires en carton pâte que tout le monde n’avait pas signé. J’ai eu de grands moments de solitude. A tel point qu’à la fin je leur ai demandé : « Mais euh, on est vraiment des gitans où est-ce que les autres startups sont aussi bordéliques que nous ? » Pierre a souri : « Non non, on a l’habitude… »

Bon finalement, on est passé devant le jury de Lita. Qui ne valide que 3% des dossiers qu’on leur présente, m’avait-on précisé histoire de me rajouter une couche de stress, moi qui n’avais jamais gagné aucun concours de ma vie. On était à J-4 avant le confinement. C’était peut-être un signe.

Parce que si c’est peut-être la pire période pour lever des fonds, c’est aussi la plus belle période pour construire le futur.

Et ce futur on voudrait le construire avec toi. Humains + robots, en mode on se serre les coudes pour affronter le monde qui vient.

On va faire comme ça, je t’explique tout :

1. D’abord tu peux réserver ton investissement sur la page projet secrète sur LITA (oui, j’oubliais, le jury de LITA a validé le projet Flint !), et décider si tu veux ou non nous faire confiance. Tu peux devenir actionnaire de Flint à partir de 100€ ! Pour l’instant, nous sommes dans la phase de pre-collecte. Tu peux réserver un investissement, mais pas encore investir. Nous avons besoin de recueillir 90K€ d’intentions d’investissement. Une fois ce palier atteint, nous entrerons dans la phase de collecte et de levée de fonds proprement dite, et la page deviendra publique et sera partagée avec la communauté d’investisseurs de LITA avec un nouveau palier de 200K€, un vrai pacte d’actionnaire, une valorisation tout ça…

2. Tu peux aussi regarder cette vidéo dans laquelle j’ai fait mon premier pitch devant la communauté de LITA, jeudi dernier et répondu à quelques questions. La qualité est bizarre parce que, tu vois, c’est fait en mode confinement, mais tu pourras aussi entendre le point de vue de l’analyste financier de Lita sur le dossier Flint (ça démarre à 1h22) :

3. Tu peux revoir ou découvrir la synthèse finale du document collaboratif que nous avons tous construit ensemble depuis le mois de janvier.

4. Et puis tu peux aussi, si tu n’as vraiment que 2mn devant toi, ou si tu veux l’envoyer à tes amis, tu peux télécharger ici le joli « pitch deck » (comme on dit dans le monde des startups) qui résume le projet avec des images de robots rigolos.

Le monde est convalescent, mais il reprendra son cours. Tu peux choisir d’attendre qu’il se calme, ou tu peux choisir d’investir dans le futur auquel tu as envie de croire. C’est à dire des gens comme nous, des gens comme 1083 cette marque de jeans en circuit court, soutenue aussi par LITA, dont le premier réflexe a été un coup de génie, c’est à dire une réaction naturelle et généreuse, celle d’une entreprise du futur : penser le bien commun avant de penser marketing. En l’occurence : fabriquer des masques en tissu pour arrêter la pandémie.

Tu sais, on ne ressortira pas indemne de cette crise, même si elle ressemble à un peu à une aire d’autoroute sordide où l’humanité se serait retrouvée bêtement en panne, comme Depardieu et Deneuve dans ce film magique de Dupeyron, « Drôle d’endroit pour une rencontre ».

On sortira de cette aire de stationnement plus forts, c’est à dire forts de tous les actes courageux que l’on aura osé durant cette période. Alors tu viens ?


Ce billet est un extrait de la newsletter hebdomadaire « Flint Dimanche », qui explore avec toi comment nous pouvons mieux nous informer dans un monde rempli d’algorithmes. Pour la recevoir, abonne-toi à Flint ici. Tu recevras également une sélection de liens personnalisée, envoyée par l’intelligence artificielle de Flint.

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