Cher(e) toi,
Oui, je sais ce que tu vas me dire… Comme ce mail est envoyé à près de 18.000 abonnés et que Flint ne récupère pas tes données personnelles, je ne peux pas personnaliser ce message en écrivant « chère » ou « cher », et ça fait un peu artificiel…
En même temps, l’exercice de la newsletter a ceci de particulier, plus que tout autre format, qu’il propose un mode de narration et de relation plus intime. Format renforcé par le fait que tu peux répondre directement à ce mail et me faire part de tes réflexions. A lire toutes ces réponses personnelles à mes messages, je me dis que c’est une voie que j’aimerais explorer un peu plus.
Tu t’en souviens peut-être : dimanche dernier, suite à un drame familial, je décidais de ne pas publier la newsletter sur laquelle j’avais travaillé à moitié concentré, mais d’expliquer pourquoi et de poser la question suivante :
“L’important est-il pour toi de présenter un visage parfait, un produit parfait, un service parfait ? Ou n’est-il pas plutôt de prioriser la qualité de la relation que tu entretiens avec ton audience, tes collaborateurs, ou tes clients ? C’est à dire la capacité à se montrer vulnérable, et la transparence ? »
J’ai reçu plusieurs centaines de mails suite à cet exercice un peu intimidant, dont je n’étais moi-même pas très sûr. Beaucoup exprimaient de l’empathie, ce qui n’était pas le but recherché mais m’a tout de même beaucoup touché. Mais nombre d’entre-eux, parfois très longs, m’ont apporté des réflexions, voire des témoignages, très intéressants sur la question. Si ça t’intéresse, j’ai compilé les plus représentatifs dans ce document partagé (tu pourras les commenter ou y ajouter tes propres réflexions…). Ça commence page 6.
Je partage avec toi ces deux réflexions (tu m’excuseras si je ne respecte pas du tout le format des précédentes newsletters avec tout ça, mais bon… j’explore…) :
Serge :
« La vie n’a jamais été un long fleuve tranquille, mais une chose est sûre, les aspects et problèmes techniques d’un projet sont toujours plus simple à traiter que les contraintes humaines et par conséquent familiales. »
Margaux :
« C’est effectivement plus important de montrer un vrai visage et de créer un lien humain… même si on croit à tort qu’il faut privilégier la productivité et un visage professionnel. Au final, ce genre de situation, on y est tous confrontés, et on ne devrait pas en avoir honte. »
« La transparence et la proximité, c’est ce qu’on ressent dans tes emails depuis le début et c’est ça qui fait qu’on a envie d’ouvrir l’email, au final. »
OUI MAIS ALORS COMMENT ÇA MARCHE ?
J’ai reçu aussi pas mal de questions sur la façon dont l’intelligence artificielle de Flint travaillait. Et donc sur la place des humains (c’est à dire moi par exemple) dans la sélection.

Alors comme je me dis que ce sont aussi des questions que tu dois te poser, je profite de l’occasion pour répondre à trois réflexions envoyées par Etienne :
« Vous avez parlé de 5 à 10h de travail quotidien, est ce que le travail se résume à trouver l’intégralité des articles ? Quelle est la part de travail manuel fait de votre côté ? »
Alors ce n’est pas 5 à 10h par jour, mais par semaine. Et ça concerne uniquement la newsletter du dimanche, qui est un travail de réflexion. Je récupère ce que Flint m’envoie et j’essaie de recouper, de trouver un sens, un angle. Pour les envois quotidiens, c’est entièrement automatisé.
« Comment l’intelligence artificielle arrive à comprendre que l’on veut tel ou tel article ? Par exemple, si je dis que j’aime un article du Monde sur le premier ministre mis en cause dans une affaire d’état (ce que je viens de faire), est ce que ça va montrer que j’aime les articles du Monde ? Que j’aime tout ce qui touche au gouvernement actuel ? Que j’aime tout ce qui concerne la politique ? Mon point est de comprendre quelle sont les informations qui ressortent du fait que l’on aime ou n’aime pas chaque contenu. »
Les algorithmes de Flint n’ont aucune règle. L’intelligence artificielle essaie de te situer dans un espace par rapport à plus de 40000 experts (sur Twitter mais aussi les 18000 abonnés payants de Flint) et en tire des règles mathématiques de ce qui est utile pour toi. On explique un peu plus ça ici.
« Est-ce que vous vous limitez à des médias « conventionnels » ou n’importe quelle source d’information (parfois très orientée) est bonne à prendre ? J’ai l’impression que l’on est dans le deuxième cas souvent. Fixez-vous des limites à ce sujet là ? »
Il n’y aucune limite de sources. Flint ne récupère cependant pas tout, mais tout ce qui lui semble a priori de qualité en s’appuyant sur ce panel dont j’ai parlé plus haut, et de son comportement par rapport à l’info. Flint analyse ainsi plusieurs dizaines de milliers de contenus « intéressants » par jour avant de personnaliser leur envoi. Ce panel grossit au fur et à mesure, mais lentement, pour ne pas risquer les fake news. L’avantage de cette démarche c’est qu’elle permet d’avoir une grande diversité de sources sans prendre trop de risques.
Flint bénéficie également de l’activité de près de 400 experts. Ils sont abonnés payants et entrainent chacun leurs robots personnels. Ils bénéficient d’un outil très utile pour remonter sans perte de temps des articles de qualité sur leur domaine d’activité, parfois introuvables autrement. Et en même temps ils améliorent la précision de Flint pour l’ensemble des abonnés. Tu peux en savoir plus sur cette offre professionnelle ici. C’est comme ça que nous pouvons financer ce projet.
LES ARTICLES QU’IL NE FALLAIT PAS RATER
Le New York Times a publié toute une série de cartes absolument alarmantes. Les nouvelles projections de chercheurs prévoient la disparition de grandes villes sous les eaux en 2050. Beaucoup plus que prévu initialement. Genre tout le Sud Vietnam disparaitrait !

« C’est bien plus qu’un problème environnemental’ rapporte un général américain. « C’est un problème humanitaire, de sécurité et peut-être aussi militaire. »
Lire l’article ici (4mn).
Et pour traduire tu peux copier coller le texte dans ce super traducteur intelligent.
A ce sujet, tu pourras lire la longue interview de Nicolas Hulot donnée au magazine GQ, après un an de presque silence. Pour lui, l’urgence climatique nous place dans un état de guerre. Qui devrait aussi être un moyen de rassembler toute les sensibilités politiques.

« En période de guerre, la classe politique devrait parler d’une même voix et faire fi de ses sempiternelles joutes politiciennes dont se gavent les chaînes d’infos et qui font le lit des populistes. Tant que le rôle des appareils politiques sera d’entraver l’action de l’exécutif ou de la dénaturer, on n’y arrivera pas. Dit autrement, il faudrait presque un gouvernement d’union nationale. »
Lire l’interview ici (27 mn !)
Sur un tout autre sujet, il faut aussi lire le bilan assez cash de Guillaume Pepy sur la transformation digitale à la SNCF dont il a été le patron. Ça te rappellera peut-être ta boîte…

« Ces gens là (les responsables des projets numériques) à la cantine on les appelle les jemelapete.com ». La faute peut être à une époque où les CDO et autres chefs de projets numériques sont portés au pinacle au détriment de ceux qui assurent la production quotidienne. « 95 % de la boite avait la sensation d’être reléguée dans l’ancien monde. »
Lire l’article ( 5 mn)
A lire également cette interview passionnante de l’auteur des « Quincados » (ces quincas qui refusent d’être vieux). Sur le blog de Hervé Monier (à qui il ressemble bizarrement), il partage une réflexion sur les clichés dans la perception de l’âge. Hervé Monier est à gauche, Serge Guerin, hum, à droite…

« L’âge n’est qu’un élément de notre identité, il ne nous résume pas ! L’âge est plus une construction sociale qu’une borne neutre et objective !
« Les quincados inventent leur projet de vie sans se référer à un modèle unique : suivre son chemin et penser par soi-même ! »
Lire son interview ici (28 mn)
LE POUR ET LE CONTRE
Dans tout débat qui enflamme Internet il y a du pour et du contre, et puis il y a la prise de recul…
Les études le montrent : le quotient intellectuel baisse depuis quelques années dans nos sociétés… La faute à Internet ? Les écrans rendent ils nos enfants crétins ? Tu as peut-être déjà ton opinion sur le sujet. Alors je te propose ces deux analyses de chercheurs, qui ne sont pas d’accord. Mais aussi un travail de vérification plus équilibré du Monde. Après leur lecture, tu pourras voir si tu as changé d’avis ou pas sur la question.
OUI : « La multiplication des écrans engendre une décérébration à grande échelle« .
NON :« Les écrans rendent-ils crétins ? Non, c’est l’usage que l’on en fait »
OUI MAIS NON… Les Décodeurs du Monde tentent de prendre un peu de hauteur pour expliquer cette baisse de QI. Et ce n’est pas seulement la faute des écrans…
« Plusieurs cohortes mère-enfant ont, par exemple, été suivies ces dernières années et précisent que les enfants les plus exposés /in utero/ à des pesticides organophosphorés, des retardateurs de flamme (comme des PBDE ou des PCB), présentent des QI plus faibles que les moins exposés, toutes choses égales par ailleurs. »
LE PODCAST À EMPORTER
Une fois n’est pas coutume, ce podcast ne vient pas de Flint, mais d’un lecteur de cette newsletter, Pierre, qui me l’a partagé.

Dans cette interview, le designer indépendant Geoffrey Dorne raconte comment il a construit son métier autour de ses valeurs et de ses choix. Et surtout quelle est sa méthode pour s’y tenir et parvenir à en vivre.
Ecouter le podcast (1h30)
LES VIDÉOS À DÉCOUVRIR
Alors ce dimanche je partage avec toi deux vidéos, celle que j’avais prévu de t’envoyer la semaine dernière parce qu’elle est vraiment bien, et celle choisie par Flint cette semaine qui parle encore… hum… des robots.

Ce chercheur français propose des vidéos sur YouTube pour explorer l’intelligence de la foule. C’est passionnant et super bien raconté. Dans cette vidéo, il explique pourquoi la foule chante toujours juste alors que, individuellement, les gens chantent très faux. Ses conclusions sont fascinantes.
Voir la vidéo ici (13mn).

A voir également le travail de cet artiste qui crée en s’appuyant sur l’intelligence artificielle. C’est un peu flippant et en même temps assez fascinant.
« J’essaie de créer des paysages sonores riches et immersifs à travers un processus d’interaction homme-machine.
Je ne crée pas ces œuvres, je les co-crée avec les modèles AI que je fais vivre…. »
L’INTELLIGENCE ARTIFICIELLE POUR LES NULS
Si tu te demandes si l’intelligence artificielle sera capable un jour de nous surpasser, je te conseille le dernier livre de Yan Le Cun. Le patron de l’intelligence artificielle chez Facebook explique qu’on en est encore loin, et que ce n’est pas qu’une question de puissance machine…

Pour que l’IA arrive au même niveau que l’humain, explique-t-il, il faudra passer par de nouvelles avancées conceptuelles.
« Pour qu’une machine reconnaisse des chaises, des chiens ou des chats, il faut d’abord lui montrer des milliers d’images étiquetées, dans chaque catégorie. Alors qu’un petit enfant auquel on montre trois dessins d’un éléphant saura ensuite reconnaître un éléphant dans une photo. Qu’est-ce qui fait qu’il y parvient sans avoir vu des milliers d’images ? Permettre aux machines d’apprendre de cette manière est d’autant plus important que l’on se lance dans des problèmes complexes : on veut apprendre aux voitures à se conduire toutes seules, par exemple, et cela n’est pas possible avec les méthodes traditionnelles. »
Lire son interview (6 mn)
LE PROJET À SOUTENIR
Un documentaire sur la parole des « mâles » face à la lutte contre les violences sexistes et sexuelles.

« J’ai voulu comprendre pourquoi tant d’hommes vivaient comme si le féminisme n’existait pas. Je me suis dit qu’il fallait absolument les entendre, qu’il fallait nous voir parler de ces sujets, exprimer nos craintes, manifester notre soutien, dévoiler nos contradictions… »
Tu peux découvrir et soutenir son projet ici (4 mn)
PARTICIPE !
Ce rendez-vous du dimanche, mi-humain, mi-robot, on le construit ensemble.
A l’origine de ce rendez-vous, une envie de co-construire avec nos abonnés un format de média qui allierait intelligence artificielle et intelligence humaine pour mieux nous informer tout en nous interrogeant sur la façon dont nous nous informons.
Je pose ici la réflexion de Thibaut, qui m’a écrit la semaine dernière, et qui me propose une définition assez éclairante de ce que pourrait être un tel projet. Tu me diras ce que tu en penses :
« Je vois Flint Dimanche comme une sorte de trêve de l’info-bataille. Une lettre d’information lente car hebdomadaire, positive car critique et constructive, tournée vers l’action grâce à sa rubrique sur le projet à soutenir. Et je me pose de nouvelles questions sur la diversité des points de vue qui me paraît un point central pour l’avenir. Je me dis que ce n’est pas un hasard si ton projet est collaboratif, dans un contexte démocratique devenu très tendu et fragile. »
Il y a 15 jours, je t’avais demandé si tu préférais appeler ce rendez-vous Flint Dimanche ou Flint Times. J’espérais que tout le monde voterait pour « Flint Times » que je trouvais plus cool, mais en fait non (à 52%). Donc ça sera « Flint Dimanche ». On va quand même garder Flint Times pour un site qui rassemblera toutes nos expériences et dont je te parlerai bientôt.
Tu peux me parler directement en répondant à ce mail (ou en m’écrivant à benoit@flint.media). Je réponds à tout le monde même quand je reçois 300 messages !
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