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Le coup de la girafe – Flint Dimanche #4

Bonjour, je suis Benoît Raphaël, co-fondateur de Flint. 

Il t’arrive peut-être de te dire que, dès que l’on additionne information + algorithmes + réseaux sociaux, ça donne très vite un énorme bordel. Et que face à une telle confusion d’infos, de contre-infos et d’opinions, la vérité finit par capituler. Et que c’était peut-être quand même plus simple du temps de l’ORTF de papa, hein ? On ne savait peut-être pas toute la vérité, mais au moins on avait pas tout ce bouillon d’infos invérifiables sur Internet qui nous font douter de tout ce qu’on a cru comprendre au journal de 20h. 

Il m’arrive de penser la même chose.

Parfois, pourtant, ce trop plein d’informations est indispensable pour révéler la vérité sur des sujets qui dérangent. A condition d’avoir des journalistes capables de maitriser les nouvelles technologies. 

Cette semaine, Flint a fait remonter deux reportages vidéo passionnants qui m’ont apporté un peu d’espoir sur notre capacité future à rester bien informés. Ça fait du bien et c’est super intéressant à regarder, donc je partage.

La première vidéo est le résultat du travail d’enquête du journal le Monde sur des violences policières survenues lors d’une manifestation des gilets jaunes à Bordeaux.

Nous sommes le 12 janvier 2019, un homme s’écroule dans la rué. Visé par des tirs de LBD et de deux grenades d’encerclement. L’enquête interne de la police ne donne aucune suite à l’incident. Les documents vidéos sont incomplets, flous, tout le monde y va de son interprétation.

Alors, pendant plusieurs semaines, une journaliste du Monde a réalisé un incroyable travail de reconstitution. En combinant les données à sa disposition, les documents vidéos, des témoignages recueillis sur les terrain, et en leur donnant grâce à la visualisation 3D,  elle réussit à apporter les preuves incontestables d’une bavure policière. 

Mieux, elle explique dans le même temps quelles techniques elle a utilisées et comment elle les a combinées pour révéler la  vérité. C’est à la fois un travail d’enquête et de pédagogie. Donner l’info mais aussi expliquer comment elle a été « fabriquée ».

Voir la vidéo ici (15mn)
Et les commentaires sur sa fabrication ici (5mn).

Plus époustouflant encore, ce travail d’investigation technologique et scientifique réalisé par les équipes du New York Times, publié également cette semaine. En regardant la vidéo, j’ai eu l’impression d’assister à un reportage de science-fiction.

Les journalistes ont recueilli des milliers de données audio, vidéo, balistiques, géographiques, croisé les témoignages et des expertises scientifiques pour révéler le bombardement d’hôpitaux civils en Syrie par l’armée russe le 5 et 6 mais dernier. Des frappes évidemment niées par le gouvernement russe, dont la réponse ressemblait à ça : c’est faux, prouvez le (ajouter ici un rire maléfique) ! Et voilà : en 8mn de vidéo, et plusieurs mois de recherches coordonnées, l’affaire a été pliée par le NY Times.

Le grand quotidien américain a réussi à faire coïncider les communications audio des pilotes russes avec les données sur le terrain, les registres des vols, ainsi que des documents vidéo publiés un peu partout. Tout ça a ensuite été envoyé dans un logiciel et hop. Touché.

Ils racontent ce travail de titan dans un article, au croisement entre les  « Experts Las Vegas » et « Minority Report ».

À l’heure des réseaux sociaux et de l’intelligence artificielle, il n’y a pas que des fake news, il y a aussi du vrai journalisme du futur.

Comme tous ces documents sont en anglais, je les ai fait traduire par l’intelligence artificielle de DeepL et je t’ai mis la version française dans un document en ligne.  

Voir le reportage vidéo (8mn)
Lire les explications des journalistes (5mn)
Lire la traduction en français !  (5mn)

ET PENDANT CE TEMPS…

… sur les chaines d’info en continu, on a organisé en 5 jours 85 débats sur le port du voile, avec au total 286 intervenants experts ou témoins, parfois les mêmes qui revenaient participer au même débat avec les mêmes gens. Par contre pas une seule femme voilée, a remarqué Libération qui a pris le temps de tout calculer. Enfin si, 1 femme voilée. Invitée 1 fois sur LCI.

Lire l’article déprimant de Libération (3mn).

LE PODCAST À EMPORTER

Le podcast de la semaine parle aussi de politique, mais en moins déprimant.

TMTP (« Toi-Même Tu Peux ») interviewe des jeunes qui s’intéressent à la politique, mais pas de façon traditionnelle. Dans cet épisode, Virgile Deville, jeune entrepreneur, raconte comment il essaie de mettre la technologie au service de la démocratie participative.

Bon on ne comprend pas tout ce qu’il dit… et, hum, lui même reconnait que le monde de la « civic tech » (c’est à dire, je traduis, le monde des technologies au service de la démocratie) ne touche que trop souvent les mêmes personnes : « des jeunes blancs bien éduqués ».

Mais Virgile parle aussi d’une initiative beaucoup plus populaire : celle dela plateforme Decidim. Développée à Barcelone, elle a permis de faire participer en ligne 40.000 citoyens au débat sur le budget municipal. Barcelone, c’est la « cité du turfu » assure Virgile.  Tu peux l’écouter ici et c’est assez rafraichissant : 

Écouter le podcast ici(23mn)
Lire la bio de Virgile sur le site de l’Unesco (35 secondes)

LE PROJET À SOUTENIR 

En tête du classement de Flint, un concept que je suis particulièrement heureux de te présenter parce qu’il vient de l’un des premiers experts de  l’école des robots Flint. PPC, c’est son nom sur Twitter, a créé un podcast participatif  assez étonnant : « Le digital pour tous ».

Son objectif : lutter contre l’illectronisme, c’est à dire aider ceux qui comprennent mal la révolution numérique à en détenir enfin les clés. Chaque matin en direct à 7h30, il parle d’un sujet différent, alimenté par sa communauté d’experts. C’est super pédagogique et très facile à comprendre. 

Tu peux  découvrir son projet et le soutenir ici.
Et pour en savoir plus, tu peux aussi lire l’article que j’avais écrit sur lui au printemps dernier.

L’INTELLIGENCE ARTIFICIELLE POUR LES NULS

Plusieurs d’entre-vous m’ont demandé d’inclure dans ce rendez-vous un contenu pédagogique pour mieux comprendre l’intelligence artificielle. Alors ok, je tente !

Il se trouve justement que Flint a sélectionné cette semaine une info assez importante concernant les robots. Mais il est super difficile d’en comprendre l’enjeu si on ne lit pas l’anglais et si on n’a pas un minimum étudié la question. 

Open AI, qui a été fondé par Elon Musk, a éduqué un vrai robot (enfin, juste une main de robot) à jouer au Rubik’s Cube. Ça parait anecdotique  mais c’est en fait révolutionnaire. Je t’explique comme ça tu pourras frimer à la machine à café (ou pas).

La plupart des robots physiques n’intègrent en général pas beaucoup d’intelligence artificielle parce qu’elle demande à être éduquée plusieurs millions de fois avant de faire quelque chose d’à peu près intéressant. C’est assez facile à faire virtuellement en quelques secondes (grâce à la puissance des machines et l’important volume de données disponibles en ligne), mais dans le monde physique ça demanderait quelques milliers d’années. C’est pour ça que les robots physiques sont pré-programmés. Et c’est aussi pour ça qu’ils sont incapables de sortir d’un environnement fermé et de s’adapter à la complexité de notre monde.

Pour éduquer ce robot à manipuler un Rubik’s Cube physique, les chercheurs ont donc dû d’abord l’entrainer d’abord des milliers de fois dans un environnement virtuel en 3D avant de le faire physiquement.

En fait, ils lui ont surtout « appris à apprendre », pour qu’il puisse s’adapter aux surprises du monde physique. Du coup, il est plus hésitant qu’un robot programmé, mais il apprend super vite. Même quand les humains essaient de le perturber avec une peluche girafe.

Personne n’en a parlé, mais on a assisté en quelque sorte cette semaine à la naissance de la première génération de robots physiques autonomes capables demain de vivre et d’apprendre parmi nous. Et un jour ils se souviendront de cette humiliante épreuve de la peluche girafe. Et ils se vengeront.

Tu peux voir une vidéo ici (2mn50)
Ou lire l’article (en anglais) de « The Verge » ici ((9mn)

PARTICIPE !

Ce rendez-vous du dimanche, mi-humain, mi-robot, on le construit ensemble. 

Tu peux donc faire évoluer cette newsletter en répondant ce mini questionnaire.

Tu peux lire ici les résultats de celui de la semaine dernière. Ils m’ont beaucoup aidé à préparer la suite de Flint Dimanche.

Par exemple, une majorité a voté pour le dimanche matin plutôt que le soir. Dont acte !

J’ai reçu aussi pas mal de commentaires sur l’idée de proposer des opinions différentes sur un même sujet. On travaille donc dessus. Mais pour y arriver, on doit d’abord commencer par essayer d’apprendre à Flint à différencier les articles factuels des articles d’analyse ou d’opinion. Ça va prendre un peu de temps.

Pour terminer, cette semaine, tu vas devoir prendre une grave décision ! On aimerait bien donner un vrai nom à ce rendez-vous. Tu vois, « Flint Dimanche », c’était juste temporaire. On se dit aussi qu’on pourrait stocker toutes nos trouvailles et expérimentations sur un site, qui ne serait donc pas accessible que le dimanche. D’où le changement de nom… Alors on a pensé  à « Flint Times ». Clémence, la designeuse des robots, a dessiné une proposition de logo qui fait penser à nos vieux journaux .

Tu peux voter pour ce nouveau nom, ou pour l’ancien, ou même en proposer un autre dans le sondage.

Tu peux aussi me parler directement en répondant à ce mail (ou en m’écrivant à benoit@flint.media). Je réponds à tout le monde, sauf quand je ne comprends vraiment pas le message (ça m’est arrivé). 

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